IGORRR


Igorrr a cette précieuse et rare faculté à démontrer à travers sa musique que les genres n’existent pas, sans produire un simple et vulgaire pot-pourri. A la fois isolé et fin connaisseur d’un spectre artistique global rassemblant la musique dans son entièreté, il explore l’extrême en donnant un nouveau souffle au breakcore, parmi les premières évolutions electroniques intellectuelles à avoir dynamisé le mouvement, mais aujourd’hui émoussé. Depuis trois albums, ce minutieux constructeur d’arrangements millimétrés prouve que le genre n’est qu’un vecteur permettant de passer à la moulinette rythmique toutes sortes de timbres sonores, d’attributs stylistiques en les écrabouillant pour n’en garder qu’un concentré direct et sans équivoque. Explorant plus loin encore que ce qu’a pu faire Venetian Snares, Igorrr produit un enchaînement de ces essences, télescopées violemment en une bouillie schizophrène et malsaine. Très influencé par le metal, milieu dans lequel il a vécu bien des expériences, il n’a aucun scrupule à sampler ou enregistrer ses plus extrêmes formes, en les acoquinant à la décadence de la musique baroque au sein de rythmiques jazz, techno, country, détruites au beat repeater, au hachoir compulsif, tapissant de déjections un art aussi aberrante qu’efficace. De ces idées loufoques nait une ambiance absurde, provocante, étrange, rappelant la folie des Carnival in Coal, sans avoir à rougir du savoir-faire des meilleurs fondateurs breakcore.